mercredi 6 mars 2013

Vespasien, L'Homme De La Situation.

                                        Vespasien, je vous en ai déjà parlé, lorsque je suis revenue sur l'expression "L'argent n'a pas d'odeur", ici. J'aurais très bien pu en rester là, mais vous auriez alors été en droit de penser que le seul fait de gloire de cet Empereur, ce fut la taxation de l'urine ! Or, vous vous imaginez bien que son action ne s'est pas limitée à cela. Découvrons donc ce Titus Flavius Vespasianus, alias Vespasien, fondateur de la dynastie des Flaviens et Empereur de 69 à 79.

Buste de Vespasien.


Origines et formation : un futur Empereur plébéién.


                                        Rien ne le prédisposait à revêtir un jour la Pourpre. Né en 9 à Falacrina, près de Reate en pays Sabin, Vespasien est issu d'une famille relativement modeste, d'origine plébéienne. Son grand-père, centurion de l'armée romaine, s'est pourtant distingué lors de la bataille de Pharsale (48 avant J..C.), avant de devenir collecteur de dettes. Son père, Titus Flavius Sabinus, a œuvré comme publicain dans la province d'Asie, puis comme banquier en Helvétie - preuve que l'administration romaine mène à tout ! Son mariage avec Vespasiana Polla lui a permis d'entrer dans l'ordre équestre : de cette union sont nés trois enfants, dont Vespasien. Son frère aîné, Titus Flavius Sabinus (aussi !), fait une brillante carrière sénatoriale et gravit les échelons du cursus honorum, jusqu'à devenir préteur en 40.

Vespasien.
L'avenir de Vespasien s'annonce moins brillant. Élevé par sa grand-mère paternelle, il commence par suivre les traces de son frère, et épouse à cette époque Flavia Domitilla, dont il a une fille - Domitilla (née en 39) - et deux fils - les futurs Empereurs Titus (né en 41) et Domitien (51). Sa femme et sa fille mourront avant qu'il ne devienne Empereur, et Vespasien épousera alors une maîtresse de longue date, Antonia Ceanis.

Contrairement à son frère, il préfère se lancer dans une carrière militaire et sert en Thrace pendant 3 ans. A son retour à Rome, il obtient un poste mineur, et se retrouve en charge de l'entretien des rues. Avec, semble-t-il, un succès mitigé, puisque Caligula aurait joyeusement maculé la toge de Vespasien de pleines poignées de boue, pour se plaindre de la saleté urbaine! Au terme dans son mandat, Vespasien est élu questeur, et exerce son poste en Crète. Après une première tentative ratée, il devient édile en 38 puis obtient la préture en 40.

Guerre en Bretagne et révolte de Judée.


                                        Devenu Empereur en 41, Claude se heurte à un problème : il lui faut asseoir son autorité et sa crédibilité. Quelle meilleure solution qu'une bonne petite conquête, de préférence celle d'un territoire sur lequel ces prédécesseurs se sont cassé les dents ?! Ce sera donc la Bretagne. Vespasien, nommé légat de la Legio II Augusta grâce à son amitié avec Narcisse, l'affranchi de l'Empereur, prend part à la conquête. Il s'illustre lors des premières batailles et part ensuite dans le sud-ouest, afin de soumettre les rebelles et assurer la sécurité des ports. Son intelligence et son pragmatisme font merveille :
"Il soumit deux peuples très belliqueux, plus de vingt places, et l'île de Vectis (L'île de Wight), voisine de la Bretagne, tantôt sous le commandement d'Aulus Plautius, lieutenant consulaire, tantôt sous celui de Claude lui-même. Aussi reçut-il les ornements du triomphe et peu de temps après, un double sacerdoce. Il fut même créé consul pendant les deux derniers mois de l'année." (Suétone, "Vie De Vespasien", IV) 

Nous sommes alors en 51, et Narcisse est tombé en disgrâce auprès d'Agrippine, l'épouse de Claude. Redoutant qu'elle ne s'en prenne aux protégés de l'affranchi, Vespasien juge plus prudent de se retirer de la vie publique, histoire de se faire oublier.

Néron et Agrippine. (Musée d'Aphrodisias - ©Leon Mauldin)

                                        Dans l'intervalle, Néron a succédé à Claude. Vespasien est perçu par le nouvel Empereur, qu'il accompagne en Grèce, comme un rustre de soldat provincial, à l'opposé des personnages distingués et raffinés qui composent son entourage. C'est à double tranchant : il n'est pas recommandé de briller par ses talents artistiques à la Cour de Néron, mais Vespasien est totalement hermétique aux vocalises et exhibitions de l'Empereur / histrion - au point qu'il s'endort au cours d'un de ses récitals ! Certains ont laissé leur tête pour moins que ça...
"En accompagnant Néron dans son voyage en Grèce, il encourut une complète disgrâce pour être sorti souvent ou s'être endormi pendant que ce prince chantait. Il fut non seulement éloigné de sa suite, il lui fut même interdit de venir lui rendre ses devoirs en public." (Suétone, Ibid.)

                                        Il est expédié comme proconsul en Afrique (63) mais coup de bol, Néron est aussi un paranoïaque (quoique, pas toujours à tort), prompt à faire exécuter ses meilleurs généraux, de sorte qu'au moment de mater la révolte des Juifs, il ne lui reste d'autre choix que de nommer Vespasien à la tête de l'armée d'Orient. Une fois encore, Vespasien s'illustre : secondé par son fils aîné Titus, il reconquiert la Galilée, bastion des Zélotes. Des villes entières sont rasées, des milliers de Juifs tués, et Rome reprend le contrôle de la Judée. Signalons que c'est au cours de cette guerre que Vespasien rencontre Joseph Ben Matthias, qui prendra le nom de de Flavius Josèphe et dont il deviendra le patron : ce fer de lance de la résistance juive, capturé lors du siège de Yodfat, écrira plus tard l'histoire de son peuple en Grec, et dressera de Vespasien le portrait d'un homme intelligent, juste et humain.

Flavius Josèphe amené devant Vespasien.

Petits massacres entre Empereurs : le retour des guerres civiles.


                                       Mais revenons un instant en arrière, en 68 : à Rome, Néron a réussi à se mettre tout le monde à dos, et il est contraint au suicide. Il meurt sans héritier, et sans laisser un seul Julio-Claudien susceptible de lui succéder. L’Empire sombre dans l'anarchie et pas moins de quatre énergumènes vont se succéder au cours de l'année suivante, connue comme "L'année des quatre empereurs." Pour résumer, chaque légion a son champion, et la guerre civile fait rage. On se trucide allègrement : Galba décroche la Pourpre, mais il est assassiné par les hommes d'Othon (Titus, parti de Judée pour le féliciter, n'a même pas le temps d'atteindre l'Italie !), lui-même tué par les fidèles de Vitellius. "On fait quoi, maintenant ?" se demandent les partisans d'Othon. Et bien, mes amis, on se reporte sur Vespasien, ce rugueux soldat, peut-être moins manche que les trois autres, qui a maintes fois prouvé sa valeur au combat ! Ce qui ne gâche rien, c'est que selon Suétone, une prophétie annonce que  les futurs dirigeants du Monde viendront de Judée. Vespasien lui-même commence à y croire, d'autant qu'il peut compter sur l'appui du gouverneur de Syrie, Mucien, et sur les Légions placées sous son propre commandement. Celles-ci le proclament Empereur en Juillet 69. Vespasien est alors âgé de soixante ans, et il a passé la majeure partie de sa vie dans l’armée. Il va pourtant se révéler un habile gouvernant.
"Le mouvement qui mit l'empire aux mains de Vespasien partit d'Alexandrie. Tibérius Alexander en hâta le signal en faisant reconnaître ce prince par ses légions dès les kalendes de juillet. L'usage a consacré ce jour comme le premier de son règne, quoique ce soit le cinq des nones que les troupes de Judée firent serment entre ses mains. Ce fut du reste avec tant d'ardeur qu'elles n'attendirent pas même son fils Titus revenant de Syrie et organe des intelligences de Mucien et de son père. L'enthousiasme des soldats fit tout sans qu'on les eût harangués, sans qu'on eût réuni les légions." (Tacite, "Histoires", II - 79)

L'Empereur Vitellius.

                                        Reste quand même un léger problème en la personne de Vitellius, qui occupe toujours le trône, et dont la position semble assurée par le soutien des légions de Gaule et de Rhénanie. Mais la résistance s'organise à Rome même, dont le préfet n'est autre que le frère de Vespasien, Titus Sabinus, et les Légions du Danube se rallient à lui. Tandis que Vespasien prend le contrôle de l’Égypte - dont dépend l'approvisionnement en blé -  les Légions du Danube se portent en Italie. Elles y rencontrent celles de Vitellius, qu'elles écrasent à Bedriacum (Décembre 69), avant de marcher sur Rome. La ville est alors le théâtre de furieux combats, au cours desquels le Capitole est entièrement détruit :
"La flamme gagna les portiques qui régnaient autour du temple : bientôt les aigles qui soutenaient le faîte, et dont le bois était vieux, prirent feu et nourrirent l'embrasement. Ainsi brûla le Capitole, les portes fermées, et sans que personne le défendît ni le pillât." (Tacite, "Histoires", III - 71)
Sabinus est tué dans la confusion, et Vitellius, quant à lui, est massacré par les partisans de Vespasien. Fin de l'année des quatre Empereurs et de la guerre civile, dont Vespasien sort victorieux.

Politique intérieure et extérieure de Vespasien.


                                        Alors qu'il est toujours en Égypte (soit que son retour ait été retardé par le mauvais temps, soit qu'il ait préféré consolider au préalable ses soutiens en Orient), Vespasien est proclamé empereur par le Sénat en Décembre 69. En son absence (il ne reviendra à Rome qu'en Septembre ou Octobre 70), il a confié l'administration de l'empire a son fils Domitien et à Mucien, qui s'en donnent à cœur joie. Le premier s'empresse de procéder à de nombreuses nominations - "au point que Vespasien écrivit un jour à Domitien : « Je te rends grâces, mon fils, de me laisser empereur et de ne m'avoir pas encore destitué. » (Dion Cassius, "Histoire Romaine",  LVXI - 21) ! 

Le futur Empereur Domitien. (Musée du Louvre)


Le second, en revanche, suit les directives du nouveau maître de Rome. Il faut avouer que la situation n'a rien de drôle. D'abord, la guerre civile a complètement désorganisé l'armée, qui s'est mise en tête d'intervenir dans la vie politique : il convient donc de renvoyer tout ce petit monde dans ses casernes. Ensuite, Néron a scrupuleusement vidé les caisses - d'où la nécessité d'une vaste réforme fiscale et d'une stricte politique d'économie. En la matière, Vespasien fera preuve d'une bonne dose d'imagination, instaurant de nombreuses taxes parmi lesquelles le fameux impôt sur l'urine. Il dévalue aussi le cours du denier, réduisant son poids en argent. Enfin, Mucien restaure le Capitole et entame de grandes constructions, qui marqueront le règne de Vespasien. Celui-ci entreprendra notamment de bâtir un nouveau Forum comportant un Temple de La Paix et un temple dédié à Claude, ainsi qu'un immense amphithéâtre - le Colisée.

"Vespasien faisant élever le Colisée à Rome" (Gabriel Blanchard - Château de Versailles)


                                        Sur le plan militaire, Vespasien se contente de stabiliser les frontières de l'Empire, qu'il fortifie afin de garder à l’œil les peuples barbares voisins. En 70, Vespasien et Titus s'efforcent de pacifier l'Orient et de mettre un terme à la guerre de Judée : un accord est signé avec les Parthes afin de garantir les frontières arméniennes et Jérusalem tombe en Septembre. Deux ans plus tard (72 -73) aura lieu le siège de Massada, qui anéantira les rebelles les plus ardents, et le Temple de Jérusalem sera rasé. En Occident, une révolte menée par Civilis, se réclamant descendant de César, est réprimée en Gaule dès le début du règne (70), et en 78, le Général Agricola (beau-père de l'historiographe Tacite) étend et consolide la domination romaine en Bretagne, atteignant l'actuelle Écosse.

"Le Triomphe De Titus Et Vespasien." (Giulio Romano - Musée du Louvre.)

                                        Du point de vue législatif, il est intéressant d'observer la manière dont Vespasien, contesté à cause de ses origines, décide d'asseoir sa légitimité. Il fait voter une loi, la lex de imperio Vespasiani, qui lui confère la titulature impériale et l'ensemble des pouvoirs. C'est la première fois que la nature du pouvoir est ainsi actée, puisque l'Empereur n'était auparavant qu'un citoyen comme les autres, mais auquel le Sénat confiait toute une série de responsabilités "exceptionnelles". Elles n'avaient évidemment d'exceptionnelles que le nom, mais les apparences qu'Auguste avait tant tenu à préserver étaient sauves. C'est dans la même optique que Vespasien inclut le titre "Imperator" dans sa nomenclature officielle, enterrant définitivement la République assassinée par Auguste, mais on brandissait encore le cadavre sous le nez des Sénateurs.

                                        Une autre rupture caractérise l'entrée en fonction de Vespasien, puisqu'il choisit de commémorer son accession au trône le jour de son acclamation par l'armée. Or, jusqu'ici, la date retenue était celle de la désignation de l'Empereur par le Sénat... Là encore, chacun avait parfaitement conscience de la prépondérance de l'armée sur le Sénat dans la désignation du nouvel Empereur, depuis que Claude avait été porté au pouvoir par la Garde prétorienne, et que les Sénateurs s'étaient vus contraints d'entériner ce choix. Mais Vespasien, en retenant cette date symbolique, officialise cet état de fait. Pour couronner le tout (c'est le cas de le dire !),  il clame haut et fort que seuls ses fils lui succèderont, revendiquant ainsi le caractère héréditaire du régime impérial.

Propagande et humour : la formule de la popularité.



Suétone (Chroniques de Nuremberg - Source wikipedia)
 Le règne de Vespasien se caractérise, selon plusieurs historiens, par l'importance accordée à la propagande. Le fameux présage dont je parlais plus haut est ainsi mis en exergue dans tout l'Empire, et les pièces de monnaie frappées sous son règne célèbrent les victoires militaires et la paix retrouvée. De même, les constructions publiques participent à cette politique. En littérature également, Vespasien exerce un contrôle sur les écrits, approuvant ceux qui lui sont favorables et censurant les autres. Tacite, Suétone, Pline l'Ancien, Flavius Josèphe : ai-je besoin d'en dire plus ? Tous ces auteurs, ses contemporains, sont étrangement unanimes à l'heure de louer l'Empereur et de dénigrer ses prédécesseurs. Ce qui peut se comprendre, puisque Vespasien rétribuait plusieurs hommes de lettres, leur versant des espèces sonnantes et trébuchantes. Mais même s'ils en retirent un bénéfice ou soient, comme Falvius Josèphe, redevables à l'Empereur, doit-on mettre en doute leurs propos ? Après tout, ils sont peut-être sincères... Le cas de Suétone est particulier : issu d'une famille sénatoriale proche des Flaviens (son père a pris part à la lutte contre Vitellius), il est tellement hostile aux Julio-Claudiens qu'il n'a certainement besoin d'aucun encouragement pour les accabler et louer leur successeur ! A contrario, les voix dissonantes sont peu audibles aujourd'hui. Nous savons que Vespasien a banni plusieurs philosophes, accusés de corrompre la jeunesse par un enseignement inapproprié. Un stoïcien, républicain convaincu, du nom d'Helvidius Priscus, a même été mis à mort. Mais un autre, un certain Demetrius, a simplement été exilé, Vespasien arguant : "Je ne vais pas tuer un chien qui aboie après moi." (Dion Cassius, "Histoire Romaine", LXVI - 13)


Flavius Josèphe.


                                        Propagande ou pas, Vespasien semble avoir été extrêmement populaire : un type simple (Il refuse la protection des gardes impériaux et se mêle souvent à la foule des citoyens), avec les pieds sur terre, qui leur apporte la paix et la stabilité : voilà ce que demande le peuple ! Il laisse aussi l'image d'un homme franc, s'exprimant sans détour, et doté d'un solide sens de l'humour - y compris, paradoxalement, lorsqu'il était lui-même l'objet de plaisanteries.
"En un mot, par le soin qu'il prenait des affaires publiques, il se montrait comme empereur ; dans tout le le reste, il se conduisait envers tous comme un particulier et comme un égal. Il raillait familièrement et soutirait sans peine qu'on le raillât." (Dion Cassius, "Histoire Romaine", LXVI - 11)
Outre ses dernières paroles (voir ci-dessous), qui dénotent bien l'esprit du bonhomme, on peut citer plusieurs exemples d'anecdotes et de saillies amusantes. J'en ai retenu deux, que je trouve particulièrement réjouissantes.

Vespasien.
La première place Vespasien face à une délégation de sénateurs, venue l'informer qu'on a décidé de lui ériger une statue colossale, d'un prix considérable. L'Empereur réclame alors l'argent en tendant la main : "Placez-là tout de suite, le piédestal est prêt !" (Suétone, "Vie De Vespasien", XXIII) Quant à la seconde, c'est sans doute ma préférée : un des affranchis favoris de Vespasien vient lui demander une place d'intendant pour quelqu'un qu'il prétend être son frère. Vespasien diffère sa réponse, le temps de s'entretenir en privé avec le candidat. Il lui extorque le même pot-de-vin que celui-ci avait promis et lui octroie le poste. Quelques temps plus tard, lorsque son favori remet le sujet sur le tapis, Vespasien lui rétorque: "Cherche-toi un autre frère. celui que tu croyais le tien s'est avéré être le mien."(Suétone, Ibid.)


Mort et postérité.


                                        Selon les auteurs déjà cités, Vespasien aurait fait l'objet de plusieurs complots. Pourtant, une seule conspiration a pu être établie précisément : en 78 ou 79, Eprius Marcellus et Aulus Caecina Alienus tentent de tuer Vespasien, sans que leur mobile nous soit connu. De fait, Vespasien meurt de sa belle mort : malade, il se retire dans sa résidence d'été d'Aquae Cutiliae, dans sa région natale de Réate. Mais un bain d'eau froide aggrave son état et, sentant sa fin proche, il ironise sur la divinisation dont font l'objet les empereurs défunts : "Vae, puto deus fio !" (Malheur ! Je crois que je deviens dieu !) Le 23 juin 79, il est pris de très violents dérangements gastriques :

"Il n'en vaquait pas moins aux soins de son empire, et donnait même des audiences dans son lit. Mais, saisi tout à coup d'une diarrhée qui l'épuisait: "Il faut, dit-il, qu'un empereur meure debout" et, tandis qu'il faisait un effort pour se lever, il expira entre les bras de ceux qui l'assistaient, le neuvième jour avant les calendes de juillet, âgé de soixante-neuf ans, un mois et sept jours. " (Suétone, "Vie De Vespasien", XXIV)
Selon ses vœux, son fils Titus lui succède : c'est la première fois dans l'Histoire de Rome que le pouvoir se transmet de père en fils.

L'Empereur Titus.

                                        S'il faut faire la part des choses et si les panégyriques rédigés par les auteurs contemporains sont à prendre avec précaution pour les raisons évoquées, il n'en demeure pas moins que Vespasien était l'homme de la situation, lorsqu'il s'est agi de rétablir la paix dans l'Empire romain après la crise de 68. Empereur d'un genre nouveau, d'origine modeste mais doté d'une solide expérience militaire et d'une bonne connaissance des provinces, cet homme pragmatique et bon gestionnaire sut prendre les mesures nécessaires pour redresser un État que la politique dispendieuse de Néron et les guerres civiles de l'année des quatre empereurs avaient fragilisé, lui assurant des bases plus solides. Et il faut bien reconnaître que le règne de Vespasien fut l'un des moins sanglants : on le qualifie souvent de radin, mais valait-il moins qu'un Néron ou un Caligula, qui avaient vidé le trésor et faient périr nombres de Sénateurs pour s'approprier leurs biens ?
"Le seul reproche qu'on lui fasse avec raison, c'est d'avoir aimé l'argent. En effet, non content d'avoir rétabli les impôts abolis sous Galba, d'en avoir ajouté de nouveaux et de plus lourds, d'avoir augmenté et quelquefois doublé les tributs des provinces, il fit des négoces honteux même pour un particulier, achetant des marchandises pour en tirer profit plus tard. (...) Selon d'autres, c'était un effet de la nécessité. Le trésor et le fisc étaient si pauvres, que Vespasien fut obligé de recourir au pillage et à la rapine; et c'est ce qui lui fit déclarer à son avènement au trône, que l'État avait besoin de quatre milliards de sesterces pour subsister. Cette dernière opinion paraît d'autant plus vraisemblable, que Vespasien faisait un excellent emploi de ce qu'il avait mal acquis." (Suétone, "Vie De Vespasien", XIV)

Vespasien. (Reconstitution www.deomercurio.be - d'après une photo wikipedia de Shakko, CC - BY/SA)

                                        Alors, sans être une inconditionnelle de Vespasien, je ne pouvais décemment pas résumer ce brave homme, dans votre esprit, à l'inspirateur des vespasiennes ! Non, vraiment : voilà qui aurait été trop injuste.





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